Klaus Kipf & Fabian Prechtl
Essais en langue vernaculaire de l’humanisme à Munich et Augsbourg entre l’école, la cour et l’université. Simon Schaidenreisser, Christoph Bruno et Hieronymus Ziegler
Entre 1480 et 1620, de nombreuses œuvres littéraires en langue allemande présentant une relation directe ou indirecte avec la cour bavaroise naissent à Munich. Quelques œuvres étaient produites à la demande directe d’un des ducs bavarois, d’autres dédicacées à un membre de la maison du duc ou encore rédigées par des proches ou des gens de la cour. La variété littéraire provient surtout de Ulrich Fuetrer, auteur d’une vaste compilation de romans selon la tradition du moyen-âge tardif allemand jusqu’à Aegidius Albertinus, intermédiaire et traducteur d’une littérature moralisatrice et religieuse dans le sens de la réforme catholique. De nombreux auteurs de textes en langue vernaculaire étaient en service à la cour, comme, par exemple, le conseiller savant Dietrich von Plieningen, humaniste et traducteur de textes antiques d’histoire et de politique, ou l’historiographe de la cour Johannes Aventin, le « père de l’histoire bavaroise » bilingue ; de plus, dans leur textes, ils mènent une réflexion sur l’état de la langue vernaculaire par rapport à la langue noble du latin classique ou par rapport à d’autres langues vernaculaires européennes.
Certes, dans les années 1530 jusqu’aux années 1550, un groupe de traducteurs de textes antiques et humanistes particulièrement productifs paraît s’être formé autour de « l’école des poètes » de la ville. Grace à leurs nombreuses relations avec l’hHumanisme d’Augsbourg, les imprimeries et les maisons d’édition du lieu (comme Heinrich Steiner ou Alexander Weißenhorn) ainsi que le Gymnasium St. Anna, mais aussi au patriciat munichois et notamment à la cour du duc de Bavière, il s'y constitue un groupe munichois de traducteurs ayant pour but de transmettre des modèles antiques et humanistes dans la langue vernaculaire. Les trois chefs de file de l’école de poètes Simon Schaidenreisser, Christoph Bruno et Hieronymus Ziegler y jouaient un rôle particulier ; pourtant, leur contribution à l’intermédiation en langue vernaculaire des textes anciens et humanistes n’étaient jusqu’à présent pas appréciée à sa juste valeur. Par ailleurs, leurs essais en langue vernaculaire naissent dans une zone de tension suscitée par différents groupes de personnes et institutions de motivations et d’intérêts variés ; c’est pourquoi ils indiquent de façon paradigmatique si et jusqu'à quel point la cour de Munich peut être considérée comme « laboratoire de la langue vernaculaire ».