"PAROLE/EFFECTI: LE LANGAGE DE LA MéDIATION POLITIQUE DANS LES SOURCES DOCUMENTAIRES DE LA RENAISSANCE ITALIENNE"
modifié le: 2011-09-28
 

 

Le sujet proposé pour cette journée d’étude est vaste et a bénéficé d’un intérêt certain dans l’historiographie, tant sur le plan strictement linguistique que sur celui du domaine de recherches privilégié représenté par les études sur la langue de la politique. Durant mon intervention, je me concentrerai sur quelques points particuliers en m’appuyant sur des exemples tirés des sources les mieux appropriées pour une telle enquête, dans le cadre du matériel documentaire que l’on peut trouver dans les archives des chancelleries italiennes : correspondances diplomatiques, mémoires sur telle ou telle question faisant l’objet d’une négociation, séries de requêtes et de procès-verbaux émanant des organes collégiaux des cités-états ou des villes qui leur sont assujetties. Ces sources sont très abondantes en Italie à partir du milieu du XVe siècle : les nombreux volumes de sources déjà publiés ne représentent qu’une petite partie des dizaines de milliers de documents conservés dans les archives des différents Etats italiens de l’époque : duché de Milan, républiques de Florence, de Venise et de Gênes, marquisat de Mantoue, duché des Este de Ferrare.

 

L’intervention sera divisée en trois parties : dans la première je m’attarderai sur deux locutions apparemment banales («per forza», «per accordo») pour mettre en évidence leur poids inattendu et pour montrer que dans les conflits de la Renaissance cohabitent une option pacifique et le choix de prendre les armes pour déployer une violence guerrière ; dans la deuxième partie, je poserai que certaines formules de la langue diplomatique relèvent de l’éloquence publique ordinaire des cités et remontent à l’ars dictaminis du XIIIe siècle, que l’on peut encore repérer dans les textes du XVIe siècle ; enfin, dans la troisième, j’analyserai l’expression «parole senza effecti» (les mots sans effets, sans conséquences) qui, dans l’Italie de la Renaissance, se charge d’une connotation extrêmement dévalorisante, soulignant le manque de fiabilité de l’interlocuteur.